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lundi 5 août 2013

Hymne à la roue qui tourne, et retourne, et re.... (Société)

Le silence qui règne dans cet endroit qui, normalement, bourdonne...
Difficile à rendre.


Pour la plupart des gens, ce n’est qu’un chantier poussiéreux.
Mais pour quelqu’un qui connait la musique, celle qui nous laisse fatigué le soir, les oreilles encore bourdonnantes d’acouphènes et les mains calleuses, il y a quelque chose de troublant.



Un calme surnaturel.
Dans quelques semaines, ce sera un énorme bureau à aires ouvertes qui fourmillera de travailleurs au téléphone, devant leurs écrans, tendus ou fatigués, voulant atteindre leurs objectifs imposés...
À scruter au loin l’énormité des ces couloirs parsemés de bureaux, à regarder les perspectives et les lignes créées par l’avidité d’en vouloir toujours plus, je perds le fil... 

Lorsqu’on gère autant d’employés, on devient déconnecté. L’altruisme et l’empathie sont aspirés par le nombre, dilués. Staline disait qu’une mort était une tragédie, mais qu’un million de morts, une simple statistique.
Leurs bureaux seront propres, le tapis, immaculé.

Pour ma part, lorsque je termine ma journée de travail sur un tel chantier, je mouche de la poussière jusqu’à tard le soir. De la poussière grise sur le blanc du mouchoir. La poussière du béton qui nous entoure et pousse vers le soleil jusqu’à nous laisser dans l’ombre.


Je vois… Des murs vierges en attente de prendre vie...
Coquilles vides, poussiéreuses.
Qu'est ce qu'ils disent déjà, dans ces livres sacrés de mon enfance qui sont maintenant dépassés par le web et les médias; tu es né poussière, tu retourneras poussière.
Je sens le spectre des travailleurs, ils bougent encore, dans l'air immobile.
Ça crie, ça bouscule le silence dans l'arrêt temporaire d'un rythme effréné.
Ça pousse de partout, comme une infection joyeuse, une nécessité implacable.



Il y a  tellement de chantiers, que parfois, ils se regardent, les yeux dans les yeux...
D’un côté des bureaux, de l’autre, des condos.



Poulaillers industriels avec vues sur la vie en accéléré.



Alors je quitte cette fourmilière vers un endroit où je pourrai respirer. Où la grisaille s’effacera devant la verdure et le chant des grillons.
Sentir mon cœur se synchroniser avec le son des ruisseaux. Fermer mes yeux et sentir l’humidité du lichen sous mes doigts alors que mon dos s’appuie contre l’écorce d’un arbre vénérable.



Atmosphère bucolique et travailleurs infatigables... 
Pas de repos, le butinage n'est pas seulement matière de mœurs légères... La roue tourne.



Je vois cette lanterne, déjà prête pour le quart de nuit...


Il faut déjà que je retourne travailler.